"Il n'y a rien à dire mais par où commencer?"
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Un vide en toi attend l'éclair mais rien toujours obstinément.
Dans l'épaisseur des jours ne s'étire que ta patience ne se déploie que ta lumière.
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Sous l'averse légère des chiens les gouttes au travers des parois le piétinement des souris...
Rien à espérer, rien à craindre.
Ça se bousculait comme sur un marché oriental.
Les uns eussent aimé lâcher leur jaguar
dans tes souterrains, tes passages secrets,
faire surgir leur boa dans ta luxuriance,
ta jungle humide et obscure,
faire fendre à leurs caïmans
les eaux de ton marigot,
la surface de ton Indus, ton Gange,
ton Brahmapoutre...
D'autres se seraient voulus poulains
dans tes écuries, ta prairie,
chamelon sous ta palmeraie, sur tes dunes...
Tous désiraient se planter en toi
comme un minaret dans ton Arabie
(c'est où , dites?)
comme un menhir dans ta terre sacrée
(ta Bretagne)...
Je fus seul pour laisser les loutres plonger dans ton torrent.
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Dans l'aube ignée apparut l'ange à la gorge épicée...
En un rire insolent,
comme une ile levante étoile.
Avaleuse de tout et vomisseuse au loin,
telle une ève ivoirée urinant ses entrailles,
cette géante immergée était usée.
C'était demain.
***
Fontaine ou vase débordant
sur mon crâne d'auguste.
Mille oiseaux en colloque
gavés de champignons.
Averse sur le chêne
tout mélangé d'étoiles.
J'arrive chaviré dans un présent unique.
***
Vaille que vaille Elle se débat Elle pique et elle mord Shoote et bastonne. A coups de boules, à corps et à cri Elle s'élance, elle escalade C'est un bolide , un projectile Casaque, mongole, babiroussa De ses bijoux elle a recouvert ses blessures et par son sourire elle éclabousse...
Comme le piétinement des chevaux
***
Tout papouasait l' orgie simple
ses jambes, comme un ciseau
m'éluardisant,
s'enchevêtraient avec mes plumes.
Ses paroles comme un couteau
dardaient ma douceur de peau,
de mon âme le repos...
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L'oiseau de mal augure
au bec jaune et poil noir
qui béquille dans les bars
et s'balance dans les arbres...
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Ah que le le Ciel adorait ça!
Marcher sur ta neige, déchirer ton papier de soie
s'enfoncer dans tes sous bois.
Dans sa mémoire sont imprimés tous tes chemins,
des sentiers frais aux pistes arides.
Quand il suivait ta douce trace
dans de très sombres labyrinthes.
Il partageait tes riches heures
tes festins nus, le brasier ardent de tes nuits.
Le Ciel lui même
léchait ton ventre de poisson
comme l'aurait fait
un simple prince du désert.
Il dégustait tes coquillages
mordillant l'étoile de mer humide
tapie dans tes profondeurs pacifiques.
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La forêt toute embucheronnée par des gaillards goulus d'esprit foulant de leurs pieds engourdis le tapis joyeux des fleurs dont les entrailles éclatées laissent s'entremêler un vivant carnaval d'odeurs.
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Mieux vaut ne pas y toucher, ne pas la froisser. Surtout ne pas lui dire: "Ça vous dirait une brève histoire d'amour là maintenant, pour toujours?" ne pas lui crier: "Pourrais-je écraser mes lèvres sur les tiennes, juste un instant, à tout jamais?" ni même: "Puis-je percer à jour ton mystère?" Non La laisser couler Comme l'eau d'un ruisseau. que l'on ne renonce pas non plus à franchir...
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C'était plus que haut juste avant le couac.
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J'aimais voir les mots s'enfouir dans le papier comme des graines dans la terre mais de nos jours tout saute en dehors des pages tout explose irradie les indiens, les paradis...
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Nous avions la même insolite destination un même secret était enfoui dans nos coeurs et de la même source rare jaillissait le rythme béat de nos vies.
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Et ce qui t'apparaît comme un enfer abominable totalement insupportable te deviendra banal, quotidien, morne et lassant. Et ce dont tu rêvais comme un paradis enchanteur et fascinant te deviendra banal, mortel, et sans saveur.
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Toujours, encore et continuellement se détachent de nous des actes, des paroles qui en s'éloignant parcourent des chemins d'une abracadabrante complexité. En chacune de ces actions survit une parcelle de nous-même... Qui reviendra un jour vers nous, sous formes de rencontres inattendues, de chances, revers, coups du sort. C'est nous même, ainsi, jour après jour, qui récoltons nos actions passées et semons nos futurs destins.
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Sous l'oblique étreinte du soleil elle était là, chaude et vrombissante sous la main
comme un zinc prêt à décoller
vers une brêche ouverte sur de verts immenses paradis...
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C'était une belle nyctalope .
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Vache juteuse de lait Eve pâturante de lune et ses croissants...
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Diable tu avais pris la figure d'un ange. Je ne t'ai pas reconnu soudain tu as disparu, et ne restait plus que l'odeur de ton cul.
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L'eau s'écoule , la submerge et l'emporte.
Elle est le sang et le lait.
L'encre qui gicle, elle est la pluie sur les forêts d'Amazonie, la sève, l'élixir.
C'est la clef des philosophiques mystères, des passages secrets la source.
La porte ouvrant sur les parallèles univers.
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Le Saturnaire est envahi soudain par la terreur magique,
et sentant, du lieu débordé par sa proie, se plaindre,
il, aussitôt d'un coup sec, sans néanmoins si plonger,
reçut du ciel en une giboulée, la neige de maint océan.
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Dis, où est le point central, immobile?
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Les murs, la pub, les télés ne diffusent qu'un seul toujours même message une unique image, lisse et grise, l'informule magique genre ratatam et badaboum faites le! tout le monde le fait! pensez le comme tous les autres ou plus exactement ne pensez pas, croyez le puisqu'on vous le dit!
Je recule épouvanté, je m'écroule, je rampe.
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Que devient notre esprit quand tombe notre corps en poussière?
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Tout peut arriver et vice versa...